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Le 10 octobre 2025
Comment prouver le détournement de clientèle par un ancien employé ?
Apprenez à identifier et prouver le détournement de clientèle par un ancien employé. Preuves légales et recours juridiques

Saviez-vous qu'en Belgique, une entreprise peut réclamer des  dommages et intérêts à un ancien collaborateur qui détourne sa clientèle de manière déloyale ? Face à la complexité juridique qui entoure la distinction entre concurrence loyale et pratiques déloyales, de nombreux dirigeants d'entreprise se retrouvent démunis lorsqu'ils constatent la perte soudaine de leurs clients au profit d'un ancien employé. L'urgence de réagir rapidement s'impose pour éviter l'aggravation du préjudice financier. Basée à Namur et opérant sur toute la Belgique, l'agence Griphus accompagne depuis des années les entreprises confrontées à cette problématique délicate, en apportant son expertise dans la constitution de dossiers probants et la quantification précise des dommages subis.

  • L'article 17,3° de la loi du 3 juillet 1978 interdit explicitement aux travailleurs d'adopter des comportements constitutifs de concurrence déloyale, même après la fin du contrat
  • Le recours à des professionnels du chiffre est obligatoire pour établir le lien de causalité entre le détournement et le préjudice financier subi
  • Les techniques d'enquête professionnelles (surveillance, filatures, analyse des connexions suspectes) permettent de matérialiser les faits pour une utilisation directe devant les tribunaux

Les signes révélateurs d'un détournement déloyal de clientèle par d'anciens employés

Le départ d'un collaborateur qui emporte avec lui une partie importante de votre clientèle constitue un véritable coup dur pour toute entreprise. Mais comment distinguer une simple coïncidence d'un détournement orchestré ? Plusieurs indices doivent vous alerter.

La similarité suspecte des produits commercialisés représente souvent le premier signal d'alarme. Lorsque votre ancien employé propose soudainement des services identiques aux vôtres, avec des matières, formes, couleurs et périodes de commercialisation étrangement similaires, la prudence s'impose. Cette ressemblance devient particulièrement préoccupante quand elle s'accompagne d'une dénomination sociale quasi-identique à la vôtre, créant une confusion évidente dans l'esprit de vos clients.

Un changement groupé et rapide de votre clientèle constitue un autre indicateur majeur. Imaginez recevoir en l'espace de quelques semaines des dizaines de lettres de résiliation utilisant toutes le même formulaire type. Cette situation dépasse largement le cadre du hasard et révèle généralement un démarchage systématique impossible à justifier par de simples contacts spontanés des clients. Le débauchage en masse d'employés représente également un signal d'alarme particulier : selon un arrêt de la Cour de cassation commerciale du 7 décembre 2010, le débauchage d'un nombre significatif de collaborateurs, accompagné de manœuvres déloyales visant à désorganiser intentionnellement l'entreprise victime, constitue un acte de concurrence déloyale caractérisée.

La captation illégale de données : un phénomène en expansion

Les méthodes de détournement se sont considérablement sophistiquées avec l'ère numérique. Dans une affaire jugée récemment, un tribunal a découvert qu'un employé avait constitué clandestinement une base documentaire personnelle contenant 9 824 fichiers confidentiels, stockés sur treize clés USB différentes. Plus troublant encore, 300 fichiers supplémentaires avaient été expédiés vers sa messagerie privée avant son départ.

L'imitation va parfois jusqu'à la copie pure et simple de vos éléments de communication. Slogans publicitaires, graphismes, photographies et logos peuvent être repris avec d'infimes modifications, créant une confusion manifeste. Ces pratiques visent délibérément à tromper vos clients sur l'origine réelle des services proposés.

Exemple concret : Une société de services informatiques namuroise a découvert que son ancien directeur commercial avait créé une entreprise concurrente trois mois avant son départ. Durant cette période, il a systématiquement transféré les coordonnées de 127 clients principaux vers sa messagerie personnelle, accompagnées des historiques de commandes et des conditions tarifaires négociées. Résultat : 82% de ces clients ont basculé vers la nouvelle structure dans les six semaines suivant son départ officiel, générant une perte de chiffre d'affaires de 450 000 euros sur l'année.

La frontière ténue entre concurrence loyale et pratiques déloyales

Le droit belge reconnaît un principe fondamental : la clientèle constitue une "res nullius", c'est-à-dire qu'elle n'appartient à personne de manière définitive. Ce concept juridique romain signifie que vos clients restent libres de choisir leur prestataire. Toutefois, cette liberté trouve ses limites dans les méthodes employées pour attirer cette clientèle. L'article 17,3° de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail interdit d'ailleurs explicitement aux travailleurs d'adopter des comportements constitutifs de concurrence déloyale, même après la cessation de leur contrat.

La jurisprudence établit une distinction claire entre la préparation d'une activité future, qui reste autorisée, et l'exercice effectif d'une activité concurrente pendant le contrat de travail. Votre employé peut parfaitement constituer sa société, négocier un bail commercial ou rechercher des financements tant qu'il travaille pour vous. En revanche, il ne peut pas commencer à démarcher vos clients ni exercer une activité similaire avant la fin de son contrat.

Le rôle déterminant du nouvel employeur dans le détournement

L'embauche fautive constitue un aspect souvent méconnu du détournement de clientèle. Lorsqu'une entreprise concurrente recrute votre ancien collaborateur dans le but principal d'obtenir vos secrets de fabrication ou votre fichier client, elle devient complice d'actes de concurrence déloyale. Cette complicité s'aggrave quand le nouvel employeur a conscience de l'existence d'une clause de non-concurrence valide.

Pour caractériser juridiquement un détournement déloyal, trois éléments doivent être réunis simultanément : un fait générateur (le détournement proprement dit), un préjudice subi (la perte de clientèle et de chiffre d'affaires), et un lien de causalité direct entre ces deux éléments. Cette démonstration nécessite souvent l'intervention de professionnels aguerris pour collecter les preuves nécessaires et c'est à ce stade que les ensuêteurs privés de Griphus srl entrent en jeu. 

À noter : La surveillance des contacts avec vos fournisseurs peut révéler des tentatives de détournement plus larges que la simple clientèle. Un ancien employé qui contacte systématiquement vos partenaires commerciaux cherche souvent à reproduire intégralement votre modèle d'affaires, ce qui constitue un indice supplémentaire de concurrence déloyale.

Constituer un dossier solide : les preuves indispensables face au détournement de clientèle

La constitution d'un dossier probant représente l'étape cruciale pour obtenir réparation. La jurisprudence belge a établi des standards précis en matière de preuves. Dans un arrêt de référence de la Cour du travail de Bruxelles datant de 2016, les magistrats ont retenu comme preuves suffisantes la production de 196 devis et 45 factures émis en concurrence directe par les anciens employés.

Les éléments de preuve à collecter comprennent une multitude de documents.

Le rôle des chartes informatiques s'avère particulièrement stratégique. Ces documents, signés par vos employés, stipulent clairement l'usage strictement professionnel des données confidentielles et interdisent leur extraction sans accord préalable. En cas de violation, cette charte facilite grandement la caractérisation du délit d'abus de confiance.

Conseil pratique : Les enquêtes privés de terrain avec surveillance et filatures, les opérations de dépoussiérage sur la fuite d'informations sensibles, et l'analyse des connexions suspectes permettent de matérialiser les faits pour utilisation directe dans un contentieux. Ces techniques d'enquête professionnelles, menées dans le respect du cadre légal, constituent souvent la différence entre un dossier qui aboutit et une procédure qui s'enlise faute de preuves tangibles.

Les clauses contractuelles de protection : conditions et limites

Les clauses de non-concurrence constituent votre première ligne de défense contre le détournement de clientèle. Pour l'année 2025, ces clauses ne sont valables que pour des employés dont la rémunération annuelle brute dépasse 43 106 euros. Au-delà de 86 212 euros, des conditions spécifiques s'appliquent (notamment la possibilité d'étendre la limitation géographique et d'allonger la durée de la clause). Il est crucial de noter que ces clauses ne sont pas opposables en cas de rupture durant les 6 premiers mois du contrat ou de licenciement sans motif grave, avec nullité automatique si une seule condition légale n'est pas remplie.

La validité de ces clauses repose sur plusieurs conditions cumulatives. Elles doivent prévoir des activités similaires à celles exercées par le collaborateur ET être exercées dans une entreprise effectivement concurrente. La limitation géographique reste obligatoire et ne peut s'étendre au-delà du territoire belge. La durée maximale est fixée à 12 mois après la cessation du contrat, avec versement d'une indemnité compensatoire représentant au minimum la moitié de la rémunération brute durant cette période. L'employeur peut toutefois renoncer stratégiquement à la clause de non-concurrence dans les 15 jours suivant la rupture pour éviter le paiement de cette indemnité compensatoire.

Les recours juridiques pour sanctionner le détournement déloyal de clientèle

Face à un détournement avéré, l'urgence commande d'agir rapidement. Le tribunal de l'entreprise détient la compétence exclusive pour connaître des litiges de concurrence déloyale et débauchage de clientèle. La procédure en référé permet d'obtenir une cessation immédiate des actes déloyaux, évitant ainsi l'aggravation du préjudice.

Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 30 juillet 2018, la protection des secrets d'affaires bénéficie d'un cadre juridique renforcé. Cette législation définit précisément les informations protégées : elles doivent être secrètes, avoir une valeur commerciale du fait de leur caractère secret, et faire l'objet de mesures raisonnables de protection. Les violations peuvent désormais être sanctionnées par des mesures rapides de cessation ou d'interdiction de divulgation. Toutefois, l'exception d'intérêt public, le droit à l'information et la protection de l'intérêt général peuvent limiter la protection accordée aux secrets d'affaires selon cette même loi.

À retenir : Le recours obligatoire à des professionnels du chiffre (expertise comptable ou économique) s'impose pour établir le lien de causalité et démontrer concrètement le préjudice à partir de données objectives. Sans cette expertise chiffrée, les tribunaux peinent à quantifier précisément les dommages-intérêts à accorder.

L'arsenal des sanctions civiles et pénales applicables

Les sanctions encourues pour détournement de clientèle impressionnent par leur sévérité sur le plan civil ou même pénal.  Les atteintes aux systèmes informatiques sont punies aussi de peines pouvant être très importantes. Un arrêt de la Cour de cassation du 22 octobre 2014 a d'ailleurs condamné un ancien employé à 10 000 euros de dommages-intérêts pour ce type d'infractions.

Au civil, la jurisprudence montre une tendance à l'indemnisation substantielle des préjudices. Dans l'affaire précitée de 2016, la Cour du travail de Bruxelles a condamné des travailleurs à verser 75 000 euros de dommages-intérêts en équité. Les tribunaux peuvent également ordonner :

  • La cessation immédiate des actes de concurrence déloyale
  • Le versement d'astreintes en cas de non-respect des injonctions
  • Le remboursement des indemnités de non-concurrence perçues
  • La publication de la décision dans la presse professionnelle
  • Le licenciement pour faute lourde si l'employé est encore en poste

Le détournement de clientèle par d'anciens employés représente une menace sérieuse pour la pérennité de votre entreprise. Entre la complexité des procédures juridiques et la nécessité de réunir des preuves tangibles, la tâche peut sembler insurmontable. C'est précisément dans ces situations délicates que l'expertise de l'agence d'investigation Griphus srl prend tout son sens.

Griphus, forte de son expérience dans toute la Belgique depuis près de 10 ans, accompagne les entreprises victimes de détournement déloyal en constituant des dossiers solides et exploitables devant les tribunaux. Nos enquêteurs privés agréés par le ministère de l'intérieur maîtrisent les techniques de surveillance, d'analyse informatique et de collecte de preuves dans le strict respect du cadre légal belge. Si vous suspectez un détournement de clientèle dans votre entreprise, n'attendez pas que le préjudice s'aggrave : une intervention rapide et professionnelle peut faire toute la différence dans l'issue de votre affaire.